[Journal] Aergie, récit d'une renégate

Aux pieds de la falaise, une vague se brisa sur les rochers, laissant une écume blanche et légère.
Un grondement de tonnerre s'éleva couvrant le bruit des goëlands à la recherche d'une maigre pitance.

Marcus enlassa Sonirssia, elle le serra contre elle.
Son ventre rond lui avait donné du mal pour venir jusqu'ici depuis Meridian.
Mais Marcus avait ce don de savoir trouver les mots pour la convaincre.

Leurs regards fixaient l'horizon, leurs rêves étaient grands.

"- Sonirssia ma compagne, que les Dieux nous viennent en aide"

Elle le fixa, laissant poindre une légère inquiétude dans son regard.

Marcus reprit :

"- Nos ancêtres ont vécu l'âge d'or mais au Palais les choses vont mal depuis la mort du vieux Jostir.
Je crains des temps sombres et difficiles

- Tu t'inquètes trop Marcus. Nous sommes heureux, je suis enceinte. Tout va bien"

Le soleil s'abaissait sur l'horizon, la lumière déclinait et la soirée promettait des lendemains qui chantent.

"- Depuis plus de 500 ans Sonirssia, nos ancêtres ont bâti notre empire Mathosien et une ère de Bonheur.
Nos technomagiciens nous ont couvert de bienfaits.
Mais nos chefs sont devenus fous.
Adreaxis nous fait peur à tous
- Depuis 10 ans, nous nous aimons Marcus, et bientôt, nous aurons la petite fille que nous désirions tant.
Le Docteur Haris a fait des miracles pour nous, Ne t'inquiète plus, quoi qu'il arrive, tout ira bien."

Elle lui serra la taille tendrement.
Marcus se tût, pourquoi l'inquiéter davantage ?

Il reprit enfin.

"- Je t'ai amené ici afin que nous profitions de ce moment devant ce spectacle merveilleux.
Regarde comme la mer est magnifique."

Tous deux fixèrent l'horizon, le soleil crachait ses derniers feux comme s'il espérait encore repousser l'inexorable nuit qui devrait bientôt l'engloutir.
Quand soudainement, une lumière inattendue fixa le temps comme si un magicien avait décidé de célébrer ce moment.

La lumière verte inonda l'horizon et l'espoir emplie le coeur du jeune couple.
Puis ce bref instant s'arrêta et le bruit des vagues qui semblait avoir cessé renouvela sa danse éternelle.

"- Nous l'appelerons Aergie dit sereinement Sonirssia"

Il ne répondit pas, la regarda langoureusement et ils s'embrassèrent passionément.

Un Cri dans la nuit, une rumeur qui monte.
"- Ils arrivent, ils arrivent !"

Le ciel s'embrasa irradiant une lumière rouge perçante et lugubre, prophétique du sang à couler.
Des masses filandreuses investirent le ciel telles des bancs de méduses volantes, couvrant peu à peu la voute étoilée.
Des filaments atteignirent le sol sur lesquels des hordes de créatures glissèrent comme sur des toboggans géants.

Dans la ville affolée, hommes et femmes courraient sans logique ni calcul, hurlant de terreur, traquant le refuge de fortune.
Les premiers corps tombèrent fauchés par des armes inconnues et des incantations maléfiques.
Les démons chassaient leurs proies sans avoir à combattre tels des prédateurs déchainés.
Ils s'en délectaient laissant derrière eux des barbaques sanguinolantes et les premiers charniers.

Les pleurs de rares prisonniers parqués dans des geôles improvisées transperçaient les murs, crevaient les tympans.

Tony observait depuis le dernier étage de l'immeuble le carnage et la fin de sa cité.
Une nouvelle injonction détourna son attention.

"- Pousse Sonircia, Pousse, sa tête est presque sortie
- Marcus, appelle Marcus. Hera ! ramène le moi je t'en prie.
- Tony guette son arrivée par la fenêtre du salon. Respire, reste calme. Tout se passe bien"

Puis, Tony aperçut les apôtres de la mort poursuivre leur attaque surprise en investissant les lieux.
Deux étages au dessous, les créatures fracturaient la porte de l'immeuble dans leur quête du macabre requiem.

Il ouvrit la trappe du plafond et pria les veilleurs bienveillants mais trompés.
Puisqu'Adreaxis avait eu la folie de rompre le voile les protégeant du plan de la mort et des suppots de Thanatos, serviteur de Regulos, il prierait les veilleurs en personne pour espérer le miracle ou pour s'abandonner au destin.

"- Petite Aergie, c'est maintenant ou c'est jamais..."

Une Rumeur qui monte, un cri dans la nuit.
"- Ouinnnn Ouinnnnn..."
Bonjour Telara. Je suis née.

Je ne perçu que brièvement la douleur d'une flèche tranperçant mon crâne.
Ma trop courte vie prit fin.
Et mon âme rejoignit le fleuve des esprits tombés face à l'adversité.

Mais qui sait si un jour je comprendrais.